CHRONIQUES ORDINAIRES D'UN COMMERCIAL EN CAMPAGNE
Lundi 8 Juin – 12 h 30
Ce matin, 9 h 00, tout le monde au garde à vous, le café à la main, à l’entrée de la salle de réunion, conversations à bâton rompu ou en aparté.
Le chef arrive, chacun choisit sa place souvent la même que la semaine dernière et la même que la semaine d’avant, routine rassurante du début de semaine.
Brouhaha de conversations particulières et générales, grincement de chaises, la réunion commence après ces préliminaires habituels, celui-ci a oublié quelques chose, celui là arrive en retard, patience d’ange d’un chef qui attend que le calme arrive pour … au fait pour quoi ?
Cela commence toujours de la même façon, une « enguelade » quand les chiffres ne sont pas bons, des félicitations quand ils sont au top.
Chacun attend que cela se passe soit en se remémorant le weekend qui va disparaitre dans les souvenirs soit en préparant sa semaine. Moi, je préfère griffonner en faisant semblant d’écouter attentivement.
Une fois ces préliminaires conclus, de quoi a-t-on parlé ? Cela a du me marquer, deux heures, je ne m’en souviens pas. Ah si, le portefeuille client ! Je devrai m’en souvenir, chaque semaine retrouve son rituel immuable. Chacun défile son portefeuille d’affaires, un ou deux commentaires, un petit tour et puis s’en va. Et la litanie continue.
De toute façon, je mets au défi quiconque autour de la table de me dire si cela lui sert à quelque chose.
Maintenant, c’est le défilé des digressions entre le « Tu sais, le responsable qualité, il est parti hier ! » au « Au fait, j’ai appris que Trucmuche avait quitté son entreprise et il est rentré comme commercial chez Tartempion ! »
Le chef essaye de ramener le calme et comme d’habitude, lève de dépit, la séance. Tout le monde repart vers ses activités en se demandant à quoi cela sert.
Je me souviens de mes débuts, j’avais un patron qui pratiquait la même démarche.
Mais je n’avais pas le sentiment de perdre autant mon temps que dans cette équipe.
Il faut dire que chaque fin de semaine, nous avions dans nos bannettes, l’ordre du jour pour la réunion du lundi et nous avions à tour de rôle, une argumentation produit à défendre et à rapporter nos expériences de vente de celui-ci.
Je me rappelle aussi les réunions commençaient à l’heure et comme nous tirions beaucoup d’avantages à y participer, il n’y avait que peu d’absents.
A tour de rôle, nous présentions notre affaire la plus chaude et nos collègues avaient le droit de nous poser toutes les questions qu’ils souhaitaient. Très rapidement, cette technique nous permettait de visualiser nos erreurs et nous cherchions des solutions ensemble.
Au début, l’exercice pour le nouveau, était déstabilisant car il avait le sentiment de critiques de son travail. Et puis, à force, la fierté laissait la place au pragmatisme et nous tirions alors de l’exercice, une aide précieuse.
Nous faisions de temps en temps, un exercice sur les affaires perdues. La question commençait toujours par « Alors sur cette affaire, où avons-nous « merdé » ? » comme si l’échec était collectif et non individuel. Et se terminait par : « Quelle leçon doit-on en tirer ? »
La réunion se terminait par «Qui a besoin d’aide cette semaine ? » et nous nous précipitions pour obtenir un peu de l’agenda de notre patron. Il faut dire qu’il n’était pas avare d’accompagnement.
Je devrais en parler au chef dans un moment favorable. Je pense qu’en introduisant des nouveautés de façon progressive, nous pourrions tirer de cette réunion, plus d’avantages que maintenant.
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